Une PME sur deux ne (...)

Une PME sur deux ne survivrait pas à un nouveau confinement

Quelle est la santé des TPE et PME françaises ? Comment leurs dirigeants vivent-ils le dictat de la crise sanitaire et comment envisagent-ils l’avenir ? Avec sa dernière enquête, qui fait le bilan d’une pénible année 2020 tout en dessinant les perspectives d’un millésime 2021 encore incertain, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) met des chiffres et des mots sur une situation économique inimaginable il y a seulement douze mois.

Du 7 au 20 janvier, elle a interrogé les patrons des TPE et PME via un questionnaire en ligne. 2 400 d’entre eux y ont répondu. Et leurs déclarations attestent de telles difficultés que la moitié des structures (49%) craint de ne pas être "en capacité de supporter un nouveau confinement". Alors que les communautés médicale et scientifique militent pour un nouveau tour de vis face à une éventuelle troisième vague du virus, comment sera perçue, au plus haut niveau de l’exécutif, cette déferlante de disparitions qui menace les entreprises ?

Les chiffres d’affaires en berne

Sur un an, 52% d’entre elles ont vu leur trésorerie se dégrader. Quant aux chiffres d’affaires, ils sont logiquement en recul sur les mois de novembre et décembre, qui ont été marqués par un renforcement des restrictions. 65% des dirigeants ont dû déplorer cette réalité. "Dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration et des activités sportives, la baisse du chiffre d’affaire a concerné la quasi-totalité des entreprises", indique l’enquête de la CPME, qui prévient que les prochains mois ne devraient pas annoncer un changement spectaculaire dans ce domaine, puisque 52% des chefs d’entreprise tablent sur une tendance similaire. 30% ont dû se résoudre à une réduction de leurs effectifs et 25% entrevoient ce scénario pour le début 2021. Si 66% des patrons de PME pensent parvenir à maintenir l’emploi, seulement 9% comptent recruter.

Des craintes sur le remboursement des PGE

Soumis à un couvre-feu, considéré à 53% comme un frein à l’activité, et l’épée de Damoclès que représente un troisième confinement, les dirigeants sont nombreux à craindre pour la pérennité de leur entreprise. Ils sont 54% à envisager le pire, dont 87% dans le secteur des salles de sport et 79% dans l’hébergement-restauration. "La dépendance aux aides de l’État, la crainte de ne pouvoir rembourser les dettes, l’absence de visibilité préoccupent les dirigeants quant au maintien de leur activité", note la CPME, qui évoque par exemple la problématique des prêts garantis par l’État : "Environ 100 000 entreprises, soit 45% des 220 000 ayant utilisé un PGE, sur un total de 630 000 entreprises signataires, doutent de leur capacité à le rembourser". La même inquiétude, certes un peu moindre (36% des dirigeants ayant répondu à l’enquête), a trait au paiement des charges fiscales et sociales reportées.

Un peu d’optimisme...

33% des entreprises ont d’ailleurs le sentiment d’être "sous perfusion de l’État". Mais elles ne se tournent pas pour autant vers le plan de relance, puisque seulement 3% ont répondu ou s’apprêtent à répondre à l’un de ses appels à projets. Il faut signaler que seuls 10% des dirigeants connaissent les modalités d’accès à ce dispositif gouvernemental.
Malgré un contexte morose, l’enquête fait tout de même apparaître quelques éléments positifs, comme l’accélération de la transition numérique des entreprises sous l’effet de la crise, qui est une réalité pour la moitié (49%) des TPE et PME, ou encore un certain essor du télétravail, puisque 55% des entreprises qui y ont eu recours prévoient de le maintenir sur un ou plusieurs jours à l’issue de la crise.
Enfin, preuve que tous les entrepreneurs ne sont pas résignés, ils sont 65% à se dire prêts à organiser des campagnes de vaccination dans leurs locaux. Un signe d’espoir.

Photo de Une : La restauration est à l’arrêt. Quelle sera l’ampleur des défaillances d’entreprises dans ce secteur ? DR J.P

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