
À La Seyne-sur-Mer, l’IA est au service des abysses
- Par Gilles Carvoyeur --
- le 2 avril 2025
Suite au Sommet mondial pour l’action sur l’Intelligence Artificielle tenu à Paris à l’initiative du président de la République, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, s’est rendue dans le Var le 14 février pour un déplacement consacré à l’IA et l’économie bleue.
Son déplacement a commencé par la présentation du site de Naval Group et sur le rôle de l’IA en mer à Ollioules puis s’est poursuivi par la visite du centre Méditerranée de l’IFREMER dans la zone portuaire de Brégaillon où la ministre a été accueillie par Jo Minitti, adjoint à la politique portuaire, représentant Nathalie Bicais, maire de La Seyne-sur-Mer, et Frédéric Boccaletti, député de la circonscription.
Situé dans la rade de Toulon, une position stratégique pour l’accès aux grands fonds, le site de La Seyne-sur-Mer est l’un des premiers ports scientifiques d’Europe. Avec ses 400 mètres de linéaires de quai, il peut accueillir les navires de la Flotte océanographique françaises opérée par l’IFREMER et des personnels de Genavir, filiale de l’institut, chargée de les opérer.
Selon François Houllier, Président-Directeur général d’IFREMER : « La France a deux atouts avec une communauté scientifique d’excellence et la deuxième Zone Économique Exclusive (ZEE) mondiale, grâce à nos outre-mer ».
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET ÉCONOMIE BLEUE
La ministre a échangé sur le rôle de l’Intelligence Artificielle (IA) pour la recherche sur les fonds marins. Le développement de l’IA au sein du Pôle Mer Méditerranée était, donc, au centre de ce déplacement ministériel. Ainsi, la ministre a découvert les dernières applications en matière de topographie des abysses, de gestion des ressources ou d’aquaculture.
Pour cette première visite dans la rade, la ministre a choisi Brégaillon, premier port scientifique d’Europe. « La mer constitue le premier puits à carbone. C’est aussi un élément de souveraineté alimentaire pour 3 milliards d’êtres humains. Et pourtant, on connaît mieux la surface de la lune que celle de nos abysses », a fait remarquer Agnès Pannier-Runacher.
S’exprimant à propos de l’IA, elle a ajouté : « Elle va permettre d’accélérer la collecte d’informations sur les ressources halieutiques, l’impact du changement climatique, mais aussi les trafics illégaux, à l’heure où le président Macron a signé un moratoire sur l’exploitation des fonds marins ».
Pour Vincent Rigaud, directeur du Centre IFREMER Méditerranée : « Le site de Brégaillon, au cœur de l’écosystème du Pôle Mer et de Naval Group, offre un outil de dimension internationale. De la plongée habitée à la plongée pilotée, nos ROV (en anglais, véhicule sous-marin téléopéré), embarqués sur site, proposent des solutions parmi les meilleures ».
RÉALITÉ VIRTUELLE
Peu après, équipée d’un casque, la ministre s’est lancée, au sein de la halle de réalité virtuelle, dans une plongée dans le canyon sous-marin de Cassidaigne, au large de Cassis.
Par ailleurs, dans le cadre de France 2030 et de la stratégie MinArm de maîtrise des fonds marins, la Direction Générale de l’Armement et la Marine nationale va bénéficier de la réalisation d’un clône d’Ulyx. Actuellement, il existe une flotte de 6 sous-marins embarqués, prénommés Victor, Arthur, Nautile, Ulyx et Ariane.
Habitables ou télé-opérés, planants ou roulants, ou que l’on peut embarquer dans un simple bateau de pêche ou dans une plus grosse unité, les sous-marins s’adaptent à tout type de mission : « Ulyx, par exemple, est un drone sous-marin qui peut plonger jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. Avec 24h d’endurance sur une couverture de 70 km², il dispose d’un sonar cartographique et d’une inspection optique, mais également d’une autonomie décisionnelle, grâce à son intelligence embarquée », a expliqué Jan Opderbecke, responsable de l’unité systèmes sous-marins.