Aperçu convaincant du (...)

Aperçu convaincant du Nice Climate Summit et du sommet mondial des océans

En organisant un événement avec le secrétaire d’État de la Mer, la scientifique Aurélie Jean et des acteurs économiques, Nice a voulu marquer les esprits le 8 juin, journée mondiale de l’Océan.


«  Nous souhaitions célébrer ce moment. Nous donnons le compte à rebours du Nice Climate Summit et de la Conférence des Nations unies sur les océans qui se tiendra à Nice » en juin 2025, a déclaré Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune, journal économique national qui organisera avec la Ville de Nice et la Métropole Nice Côte d’Azur, les 28 et 29 septembre prochains, le Nice Climate Summit, avec Aurélie Jean comme marraine et après deux éditions du Transition Forum dans la cité azuréenne. En guise d’aperçu de ce rendez-vous de la rentrée, la scientifique spécialiste des algorithmes a participé à deux conférences à la Villa Masséna dans une salle bien remplie : la première avec Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique de La Tribune, la seconde avec le directeur des rédactions du groupe Nice-Matin Denis Carreaux et des acteurs économiques locaux : Laurent Lachkar, vice-président de la CCI Nice Côte d’Azur, Marcel Ragni, président de l’UIMM06, Jean-Michel Diaz, Directeur Sud-PACA-Corse de Total Énergies et l’architecte urbaniste Éric Daniel-Lacombe.


Hervé Berville et Christian Estrosi. ©S.G

Lors du premier temps de cette « preview » du Nice Climate Summit, la parole a été donnée au secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville, en déplacement à Nice les 8 et 9 juin, et au maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi. « Nous avons besoin des scientifiques, du monde économique, des journalistes car c’est un enjeu majeur pour nos concitoyens et pour nos territoires  », a relevé M. Berville, ajoutant que l’État était « aux côtés du maire de Nice pour porter ce sommet des Nations unies pour les océans car c’est une chance inouïe pour la France. Être ici à Nice, avant le Nice Climate Summit et à 700 jours du Sommet sur les océans, c’était une évidence  ».

Devoir

Il s’est par ailleurs félicité de « l’accord historique  » trouvé en mars pour le traité sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (traité dit BBNJ). « Il est juridiquement contraignant et permet la création d’aires marines protégées en haute mer  ». Le secrétaire d’État a également évoqué la « bataille diplomatique  » menée par la France pour « ne pas se lancer dans cette folie de l’exploitation minière des fonds marins  ». « C’est une priorité majeure », a-t-il assuré. Dans une tribune co-signée avec l’actrice Jane Fonda parue dans le journal Le Monde, il a souhaité qu’un accord soit trouvé avant la Conférence de Nice. Christian Estrosi a de son côté déclaré qu’il n’imaginait pas « qu’un jour on se tournerait vers (Nice) pour organiser un troisième sommet sur les océans, après New York et Lisbonne ». «  Il y a un seul et unique océan qui couvre 70 % de la planète et aujourd’hui l’homme politique doit comprendre que son devoir est de faire preuve de modestie par rapport aux enjeux auxquels nous sommes confrontés », a poursuivi le maire, saluant la présence dans l’assistance de Juliette Chesnel-Le Roux, conseillère municipale membre de l’opposition écologiste et d’Alexandra Masson, députée Rassemblement national des Alpes-Maritimes. « Tout le monde ne s’intéresse pas à ce sujet  », a-t-il relevé. M. Estrosi a ensuite expliqué que «  le meilleur moyen  » d’agir était de «  se tourner vers les scientifiques  » et qu’il fallait « du courage », que les élus n’avaient « pas le droit d’avoir peur de l’impopularité ». «  Aujourd’hui, grâce aux scientifiques on sait et on n’a pas le droit de ne rien faire », a-t-il encore déclaré, faisant part de sa conviction « que l’éducation est vraiment le sujet qui peut changer les choses ». Dans la lutte contre le changement climatique, Aurélie Jean a mis en avant le rôle clé joué par les collectivités. « Elles sont celles qui agissent sur le terrain. L’État est là pour infuser, pour guider. La collectivité est un vecteur de pédagogie profond ».

Un « Village de l’Océan » et une 1re concertation

©Ville de Nice

MM. Berville et Estrosi ont visité le 9 juin le « Village de l’Océan », composé de 12 stands installés sur le Quai des États-Unis et dont l’objectif est de sensibiliser le plus de monde possible, particulièrement les élèves, à la protection de l’environnement marin. « À Nice, se concentrent les enjeux de la protection de la biodiversité marine (…) mais aussi une volonté politique qui est forte. Le président de la République et moi-même souhaitons nous appuyer sur ce type de collectivités », a déclaré Hervé Berville. Le secrétaire d’État et le maire sont ensuite allés sur le site du futur lieu de congrès qui accueillera la Conférence des Nations unies en 2025, Quai Infernet, puis ont pris le large afin de présenter le périmètre pressenti de la future aire marine protégée niçoise (voir photo). Une première phase de concertation vient d’être lancée à ce sujet et il est possible de participer, sur place ou sur le site concertationbleue.nice.fr, jusqu’au 31 juillet.

Hervé Berville : « La France est déjà un pays exemplaire »

Hervé Berville ©S.G

Le secrétaire d’État chargé de la Mer sait que Nice et la France seront particulièrement regardées d’ici à 2025. Interrogé sur le projet Canua Island, île flottante embarquant bar, restaurant, transats et même piscine, et pour laquelle les concepteurs n’avaient pas encore renoncé à une installation au large de Mandelieu, il a indiqué que ce ne serait sans doute pas la meilleure des vitrines. « Si nous voulons être cohérents avec ce que nous allons envoyer comme message à l’international, ce n’est pas le type de projet qui va dans le sens de l’histoire et qui correspond aux attentes légitimes sur la protection de l’espace maritime  », a-t-il expliqué lors d’un point presse, avant d’ajouter que la France était « déjà un pays exemplaire sur la préservation des océans ». Il s’est référé aux 33 % de l’espace maritime tricolore déjà sous aire marine protégée, « avec de vraies protections. Ce n’est pas que du papier. Nous avons la chance d’avoir en France une pêche artisanale, une pêche côtière, qui se pratique dans des aires marines protégées parce que justement nous avons fait le pari de ne pas avoir de navires usines afin de permettre une pêche respectueuse de son environnement. En France, nous sommes déjà à l’avant-garde sur un certain nombre de sujets mais il faut toujours progresser », a-t-il admis. « Nous devons progresser dans la lutte contre les pollutions, la pollution issue d’un certain nombre d’industries, la pollution dans les zones portuaires. Le vrai combat que l’on doit porter est au niveau international. Le combat du siècle est de faire en sorte qu’il n’y ait jamais d’exploitation minière des fonds marins. Mais reprendre le fil de l’exploration, c’est passionnant. Nous avons beaucoup de choses à connaître, à explorer ».

Aurélie Jean : « Il faut donner les clés du changement aux jeunes »

Denis Carreaux, Marcel Ragni, Laurent Lachkar et Aurélie Jean. ©S.G

La scientifique et entrepreneure, marraine du Nice Climate Summit, a assuré la conclusion de la seconde conférence organisée à la Villa Masséna avec Denis Carreaux, Laurent Lachkar, Marcel Ragni, Jean-Michel Diaz et Éric Daniel-Lacombe et au cours de laquelle il a été beaucoup question d’économie et d’industrie. Elle a retenu deux points. Le premier concerne les données : « Grâce à la data on peut aujourd’hui tracer toute la chaîne de production d’une entreprise. C’est une bonne nouvelle car on va pouvoir tout savoir même si cela peut avoir un côté négatif quant à la réputation des entreprises  ». Le second point concerne le futur de l’industrie : « J’ai travaillé à l’usine quand j’étais étudiante. Il suffit d’aller voir une usine pour comprendre son histoire. Ce sont les ouvriers qui sont sur le terrain et qui comprennent ce qu’il faut faire. Il faut donner les clés du changement aux jeunes, il faut leur laisser la liberté de prendre des décisions  ». Marcel Ragni, président de Ragni SAS et président de l’UIMM06, était sans le savoir allé dans son sens lorsqu’il a déclaré que les jeunes dérangeaient «  mais dans le bon sens », « car ils bousculent les habitudes  ». Au sujet de la mauvaise réputation de l’industrie au regard de l’environnement, il a évidemment reconnu que « l’industrie a pollué » avant de préciser qu’elle « pollue de moins en moins. L’industrie a été décriée pendant de très nombreuses années, le plus difficile est de changer les habitudes. L’industrie devient de plus en plus propre. L’idée n’est pas de mettre le sac poubelle chez le voisin car, certes, cela ne pollue pas chez nous mais cela pollue quand même ». Il estime que « les industries qui continueront à polluer disparaitront car elles seront montrées du doigt ». L’entreprise Ragni, spécialisée dans l’éclairage public, a initié sa démarche RSE en 2015 et l’a consolidée en 2018 en adhérant au Pacte mondial des Nations unies.

Le programme de l’UNOC



La Conférence des Nations unies sur les océans se tiendra sur 10 jours en juin 2025 et réunira 120 chefs d’État et 20 000 délégués.

Officiellement intitulée "Conférence des Nations unies pour soutenir la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 14 : Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable", la prochaine Conférence des Nations unies sur les océans se tiendra sous l’égide des gouvernements du Costa Rica et de la France.

Trois temps sont prévus : celui des scientifiques, celui des chefs d’État et celui des villes littorales avec un engagement attendu de la part des décideurs locaux.

Photo de Une ©Ville de Nice

deconnecte