Edito - Bruits, stupeur

Edito - Bruits, stupeur et tremblements

Il n’y a rien de pire pour un humoriste qu’une chronique ratée. Sur France Inter, Guillaume Meurice en a fait l’expérience avec sa sortie pire que douteuse sur Benyamin Netanyahou, comparé à une sorte de « Nazi sans prépuce ». Un naufrage radiophonique en direct, qui valut à la station les protestations d’auditeurs choqués et indignés. Loin de faire amende honorable et de reconnaître une maladresse dans le contexte actuel, le chroniqueur va contester en justice l’avertissement reçu de sa direction. Une sanction bien douce, eu égard au charivari provoqué et au côté nauséabond de la comparaison. Elle n’aurait pas pu être davantage sévère puisque l’humoriste est représentant du personnel et bénéficie à ce titre d’un statut de salarié protégé. Meurice peut toujours, et c’est heureux, continuer à s’exprimer au micro d’Inter. On attend de lui moins d’outrance, davantage de responsabilité et de modestie, qu’il nous fasse si possible sourire. Et un humour plus haut de gamme comme savait si bien le distiller en son temps Pierre Desproges qui savait être grinçant avec classe.


Une « influenceuse » a été placée en garde à vue la semaine dernière pour « apologie du terrorisme et incitation à la haine » sur Instagram après qu’elle s’est filmée en ironisant sur « l’assaisonnement » (« sel, poivre, thym ? ») d’un bébé supposément placé dans un four par le Hamas. De telles assertions imbéciles, qui sentent l’antisémitisme primaire, prouvent que l’on peut à la fois être sans coeur et sans cerveau. Abject.


Au moins aura-t-il essayé… Comme avec Vladimir Poutine, après l’invasion de l’Ukraine, et ses tentatives infructueuses de convaincre le tsar de cesser son « opération spéciale », Emmanuel Macron a mouillé la chemise en organisant à Paris une rencontre pour tenter de trouver des solutions humanitaires dans le conflit proche oriental.
Son initiative, méritoire, avait peu de chances de réussir. Les principaux dirigeants arabes furent aux abonnés absents, se faisant représenter par des diplomates, sans véritable pouvoir décisionnel. Israël n’était pas invité. La situation sur place, dramatique pour les populations survivant sous des bombardements incessants, et dangereuse pour la paix mondiale, aurait mérité davantage de considération.


Pendant ce temps-là, on ne parle plus ou presque de la guerre en Ukraine.
Cela fait les affaires de ’Raminagrobis-Poutine’ qui continue à faire pleuvoir ses missiles sur les villes et à faire des victimes civiles dans un désormais quasi silence médiatique. L’émotion internationale s’est tournée vers Israël et la bande de Gaza, c’est compréhensible. Mais « la maison brûle et on regarde ailleurs » comme disait Jacques Chirac sur un autre sujet. Le Kremlin mise sur cette versatilité de l’opinion, en sachant que le temps travaille pour lui : l’écrasante supériorité numérique des troupes russes, la contre-attaque ukrainienne qui « a fait pschitt », le possible retour de Trump à la Maison blanche, la « fatigue » occidentale dans une guerre interminable qui laisserait Kiev à son triste sort… Volodymyr Zelensky a quelques bonnes raisons de se faire du souci !

Jean-Michel CHEVALIER

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