Cœur des Maurettes, « le Villeneuve-Loubet du XXIe siècle »
- Par Sébastien Guiné --
- le 13 octobre 2023
Visite guidée avec le maire Lionnel Luca dans le nouveau quartier « Cœur des Maurettes ». Sur le parcours : logement « pour tous », attractivité économique et transition écologique.
Villeneuve-Loubet ne se résume pas au village des bords du Loup ou à l’imposante Marina Baie des Anges, repère incontournable - que l’on aime ou non- de la Côte d’Azur.
Il faut désormais compter avec le Cœur des Maurettes, quartier en cours de requalification, entre la mer et le parc de Vaugrenier, à quelques pas d’une zone d’activité économique toujours en développement.
« Le Pôle Marina 7, c’est toute la zone d’activité et le Cœur des Maurettes, c’est vraiment le cœur battant de Villeneuve-Loubet au XXIe siècle ». Au volant de sa voiture, qui sillonne avec aisance les rues du quartier toujours en construction, Lionnel Luca présente le projet : « On fait quelque chose pour tout le siècle. On adaptera ensuite en fonction des problèmes qui se poseront, pour la circulation par exemple. Pour l’instant, on n’a pas la visibilité réelle de tout le trafic. On est dans cette phase de transition où l’on a encore les inconvénients d’avant et pas encore les avantages d’après ».
Le maire de la ville avait « déjà en tête » ce projet de requalification de ces friches industrielles pendant son premier mandat (1995-2001). Son successeur de 2001 à 2014, Richard Camou, « en a fait une partie », dans le haut du quartier.
Hangars
Réélu en 2014, Lionnel Luca a mis les bouchées doubles et accéléré la requalification de cette zone, parsemée de hangars et de terrains vagues. Près de 10 ans plus tard, ce territoire s’est transformé, avec des logements (380 prévus au total), un jardin avec tyrolienne qui fait des envieux, des commerces, des restaurants, une pharmacie et parapharmacie d’envergure (la 2e du département après celle de Cap 3 000), un cabinet médical et des services publics à venir : mairie annexe et poste de police municipale. Sans oublier un projet d’école maternelle.
« Nous voulons que la partie haute soit résidentielle et la partie basse économique, mais propre et moderne », explique l’ancien parlementaire. Quand il évoque la construction de logements, il confie avoir refusé une proposition de 180 logements en U. Il défend une mixité répartie et le logement « pour tous » (« 80 % des Français peuvent y prétendre, ce n’est pas du logement social, c’est du logement pour tous »). Le maire se félicite par ailleurs de la présence d’une résidence intergénérationnelle (« de 25 à 87 ans ») juste en face d’une résidence de luxe pour seniors sur le futur boulevard Général de Gaulle.
Rendez-vous en 2025
« Les gens disent qu’avec tous ces habitants, cela va faire de la circulation en plus. Mais ce n’est pas le logement qui crée le problème de circulation, c’est l’emploi : ce sont les jeunes qui viennent travailler et les clients. Et nous ne sommes pas contre l’emploi ! Oui il y a des embouteillages, reconnait-il, mais on est sur la Côte d’Azur ». Grand Frais va s’installer, après Lidl et Action, déjà là. « Si les investisseurs pensaient qu’on ne pouvait pas circuler, ils ne viendraient pas », argumente-t-il. Ces trois enseignes très prisées rejoignent une impressionnante galerie : « On a quand même près de 700 sociétés, ce qui représente 7 000 emplois », avance Lionnel Luca. Ce dernier n’est pas contre le béton, quand cela permet à des personnes de se loger ou de travailler. Mais du « beau béton », précise-t-il. Et, dès que c’est possible, il débitume et remplace le béton par des espaces verts, en pensant à aménager des pistes cyclables, des voies piétonnes (éclairées grâce au solaire) et un parking de covoiturage près de la gare, afin d’offrir des alternatives à la voiture. « Il y a encore quelques verrues », concède-t-il en désignant des hangars toujours présents, « mais c’est en voie de résolution ». Il donne rendez-vous en 2025 quand la majorité des travaux seront terminés et que la vie de quartier pourra battre son plein.
Des investissements publics et privés
« Grâce à la dynamique que nous avons instaurée, des investisseurs arrivent », se réjouit le maire de Villeneuve-Loubet, qui expose sa vision des choses : « C’est ce que m’avait dit un jour l’ancien maire de Saint-Laurent-du-Var (1965-1995) dont j’ai été l’adjoint, Marc Moschetti, qui était notaire. Il m’a dit : ‘Il ne faut pas utiliser l’argent public pour rien, il faut faire en sorte que l’argent privé soutienne l’argent public’, c’est-à-dire que l’intérêt privé rencontre l’intérêt public et c’est là où vous êtes gagnants ».
La Ville a massivement investi dans le projet Cœur des Maurettes, notamment pour la future mairie annexe et le futur poste de police municipale. Elle peut aussi compter sur le soutien du Département et de la CASA pour la voierie dans la zone d’activité économique (aménagements de pistes cyclables et de ronds-points) et l’assainissement.
Construction : « Je n’ai pas moyen de m’y opposer »
« Les gens pensent que c’est nous les maires qui bâtissons mais on ne bâtit rien », affirme Lionnel Luca. « J’ai un PLU (plan local d’urbanisme) sur lequel je ne peux pas revenir. Le document d’urbanisme qui a été voté par mon prédécesseur, en septembre 2013, impose 1 385 logements sociaux. Le PLU donne des droits à construire. La seule chose que l’on puisse faire c’est retarder mais je ne peux pas empêcher car ce serait un abus de pouvoir. Parfois nous subissons la pression, admet-il, donc nous demandons du temps pour bien penser les projets et faire attention au rythme des travaux ».