Un si « tendre bestiaire

Un si « tendre bestiaire »

Franchement, par les temps qui courent, je ne voudrais pas être une belette, une fouine, une martre, un renard, un corbeau freux, une corneille noire, une pie bavarde, un geai des chênes ou un étourneau sansonnet. Vous l’avez deviné, ces animaux et quelques autres encore figurent sur la nouvelle liste des « nuisibles » édictée par le ministère de la transition (plus ou moins) écologique.
En vertu de quoi, pour protéger les cultures et les élevages, il est légal sinon judicieux de dégommer des animaux qui font tout de même partie de la nature. Les plus gros prédateurs et destructeurs sur cette planète ne sont pas forcément ceux désignés par un acte ministériel...
Profitons donc de cette dernière semaine de vacances pour nous amuser à rapprocher ce bestiaire administrativement « nuisible » de notre personnel politique. Pour vérifier s’il n’y aurait pas dans la liste quelques oublis et analogies : après tout, ne dit-on pas qu’un chien ressemble à son maître…
Dans le rôle de la pie bavarde, je verrais bien Rachida Dati ou encore Ségolène Royal, toujours péremptoires, jamais à court de critiques pour leurs semblables. Le rôle du renard revient, aucun doute possible, à Bruno Le Maire, qui ne manque pas de ruse pour créer ici ou là une petite taxe. Notez que le costume irait aussi parfaitement à Nicolas Sarkozy qui, avec ses ennuis judiciaires, se fait discret, mais est toujours présent en coulisses.
L’étourneau sansonnet, c’est pour François Hollande, ayant oublié à quel point il fut impopulaire à la fin de son mandat, et qui vient maintenant donner de si doctes conseils à ses successeurs qu’il aurait été bien inspiré de se les appliquer à lui-même.
En vieux sanglier, mâle solitaire au caractère si autoritaire que l’on se demande s’il ne se met pas parfois en rage contre lui-même, pourquoi pas Jean-Luc Mélenchon, que des petits jeunots Insoumis tentent de déboulonner pour 2027 ?
Le lapin de garenne est jugé indésirable seulement sur la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024. Un CDD en quelque sorte, qui pourrait s’appliquer aux nombreux ministres ayant rapidement quitté le gouvernement pour incompatibilité judiciaire. À vous de dresser la liste.
L’ours, qu’il soit mal léché ou pas, demeure cependant un animal protégé : on verrait bien sous l’épaisse fourrure du plantigrade Éric Dupond-Moretti pour son côté abrupt (de décoffrage), tout en lui reconnaissant le côté sympa de Colargol lorsqu’il met tout son poids à défendre la veuve, l’orphelin et le policier mis en examen.
Et le putois, me direz-vous ? J’ai bien cherché dans le bestiaire politique. J’y ai trouvé davantage de fines mouches que d’ânes et de bécasses, avec ou sans yeux de biche. Mais aucun(e) qui mériterait vraiment un surnom aussi péjoratif.
J’y ai vu aussi des vieux lions, des grenouilles voulant se faire aussi grosses que le boeuf, d’autres qui ont un regard de lynx et une prudence de chat. Vivement septembre et le retour de cette « ménagerie » politique pour que l’on ait de nouvelles occasion de rire (jaune) et de parler des affaires du pays. En attendant, restons gais comme des pinsons !
J.-M. CHEVALIER

( 1) Le titre de cette chronique est emprunté à Maurice Genevoix.

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