Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes, prêt à faire face à toutes les crises
- Par Sébastien Guiné --
- le 26 janvier 2024
Lors de ses vœux, le préfet a identifié quatre crises : « une crise écologique, une crise de notre modèle de développement, une crise politique et une crise existentielle ».
« Nous sommes forcés de reconnaître que nous traversons aujourd’hui une période de trouble profond, de malaise évident », a déclaré Hugues Moutouh, vendredi 19 janvier, en recevant les corps constitués, les acteurs économiques et associatifs. Il s’était excusé d’assombrir ce moment festif. « C’est la crise qui nous entoure », a ajouté le préfet des Alpes-Maritimes, « je dirais même, les crises ». Il a d’abord cité la « crise écologique, les transformations de notre environnement que même les plus climatosceptiques sont obligés de reconnaître ». Il a ensuite évoqué une « crise de notre modèle de développement, avec une société de surconsommation qui épuise, les unes après les autres, nos ressources ». « Nul besoin d’être révolutionnaire pour convenir de la toxicité du culte à outrance de la croissance et des dernières évolutions du capitalisme contemporain. Un capitalisme sans limite, vorace, qui s’est imposé au XXIe siècle comme un fait social total, porteur d’une brutalisation des victimes, ces victimes qui nous entourent, on parle de la France périphérique, sont chaque jour plus nombreuses. Elles sont les dépossédées des temps nouveaux », a poursuivi M. Moutouh, qui a toutefois précisé, mardi 23 janvier, lors de ses vœux à la presse qu’il n’était pas « un apôtre de la décroissance ».
« Insécurité culturelle »
Il avait déjà confié à la presse locale il y a quatre mois, au moment de son installation, succédant à Bernard Gonzalez, qu’il ne faisait pas dans la langue de bois. Au moment de détailler la troisième des crises identifiées, une crise politique, il n’a en effet pas fait dans la langue de bois, parlant « d’une remise en cause inquiétante de notre modèle démocratique, à la fois un peu par ceux qui nous gouvernent et par ceux qui sont gouvernés. Comment voulez-vous inspirer confiance au peuple lorsque depuis plus de 40 ans, en dépit du volontarisme évident, en dépit des alternances, les mêmes problèmes se posent, sans qu’on soit réellement en mesure de les traiter ? », s’est-il interrogé, évoquant « une impuissance de l’État, parfois, dans de trop nombreux domaines ».
Le préfet du département a terminé son analyse par une crise existentielle, « avec ce sentiment d’insécurité culturelle grandissant chez nos compatriotes, nourri par les diverses entreprises de démolition idéologique qui sont à l’œuvre : wokisme, écriture inclusive, post-colonialisme ». « Des minorités actives tentent d’opérer, sous nos yeux, une nouvelle Révolution culturelle qui ressemble à s’y méprendre, en moins violente je vous rassure, à celle de la Chine à la fin des années 60. Notre civilisation plurimillénaire et tous ceux qui prétendent s’y référer sont jugés en place publique et condamnés à l’effacement », a-t-il affirmé. Son discours a également abordé les attaques du Hamas du 7 octobre en Israël et il a assuré que « dans une société médiatique où une actualité chasse l’autre (…) où les jeunes générations ne savent plus précisément ce qu’a été la Shoah, ni même si elle a vraiment existé, il est impératif d’entreprendre dès à présent un devoir de mémoire et un travail au quotidien ».
Sécurité et mobilité, deux rendez-vous importants à venir
Le préfet des Alpes-Maritimes prendra de nouveau la parole dans les prochains jours pour évoquer la sécurité dans le département. Il est dans l’attente de chiffres consolidés et il s’exprimera après le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dont la prise de parole est prévue à la fin du mois sur ce sujet. Dans les prochaines semaines, Hugues Moutouh va s’attaquer à relancer un comité mobilité et transports car « l’action de la mobilité est primordiale ici » et « il est important de penser la mobilité à un niveau départemental », a-t-il confié, en englobant également la Principauté de Monaco, « poumon économique » pour le département.