Le paradis est aussi pavé de bonnes intentions

Babeth est partie en guerre, la fleur au fusil, contre les prix élevés des carburants, en annonçant tout à trac que les distributeurs pourraient, pourquoi pas, « vendre à perte » essence et gazole pendant quelques mois pour soulager le portefeuille des automobilistes. Grosse ficelle, dans laquelle la Première ministre s’est emmêlée les pinceaux. Imaginer un seul instant que les commerçants accepteraient de bon cœur de se faire hara-kiri sur les prix est au mieux une ineptie. A priori, s’il ouvre sa boutique le matin, qu’il soit le pompiste indépendant du bout de la rue ou Leclerc, Auchan, Carrefour et les autres, c’est pour gagner sa vie et… payer ses taxes et impôts. Passé cet épisode surréaliste, il ne reste guère que la baisse des taxes, sorte de « vente à perte » pour l’État, dont Bercy ne veut pas entendre parler….

L’inévitable Michel-Edouard Leclerc, qui ne manque jamais une occasion d’intervenir dans le débat politique, a saisi la balle au bond pour marteler que la vente à perte est « inconcevable ». Assez opportuniste lui aussi, il estime que l’État peut baisser les taxes qui représentent la moitié du prix du litre ou… refiler la patate chaude aux pétroliers en « bloquant les prix de sortie de raffinerie ». Mais c’est bon sang bien sûr ! Et si les pétroliers demandaient à leur tour que les prix des boîtes de sardines et de biscottes soient bloqués pour lutter contre l’inflation, il dirait quoi, Michel-Edouard ?

La visite du pape à Marseille aura provoqué une réaction surprenante  : celle de Jean-Luc Mélenchon, touché par la grâce… laïque. L’Insoumis en chef s’est rendu, non pas au Stade Vélodrome pour la messe pontificale, mais dans un fast food solidaire (un ancien McDo) de la cité phocéenne avant de participer à la marche contre les «  violences policières ». Au passage, il a excommunié Emmanuel Macron, coupable à ses yeux d’avoir « tapé l’incruste » en participant à la célébration présidée par le successeur de Saint Pierre. JLM s’est fait aussi un tantinet... jésuite en déclarant « Monsieur le Pape, vous êtes le bienvenu  », ce qui ne mange pas de pain, mais ne garantit aucunement le statut de Miséricordieux. Avec le pape François, il aurait pourtant pu se retrouver sur des terrains communs, comme l’assistance morale et matérielle que l’on doit apporter aux migrants qui continuent à se noyer en Méditerranée alors que le monde regarde ailleurs…

Prend-on une Bugatti pour aller acheter une boîte de petits pois à la supérette du coin ? Demande-t-on à Mbappé de jouer contre une obscure équipe de division d’honneur ? Assurément non. Aussi, au moment où il est facile de réécrire l’histoire, peut-on quand même s’étonner que le sélectionneur du XV de France ait envoyé sur la pelouse du Stade Vélodrome la pépite Antoine Dupont, qu’une blessure à la mâchoire a expédié d’abord aux vestiaires puis à l’hôpital lors du match contre les très modestes Namibiens. L’ampleur du score (96 à zéro pointé) démontre le non-sens d’une rencontre où les Bleus ont, hélas, « perdu » l’un de leurs meilleurs joueurs. Espérons qu’il reste d’autres Bugatti sur le banc de touche pour poursuivre cette coupe du monde…