Les logements sociaux

Les logements sociaux face aux défis de la transition énergétique

A l’occasion du centenaire de Côte d’Azur Habitat, les acteurs du logement social ont montré leur détermination à tenir le calendrier mais comptent sur des fonds supplémentaires pour y parvenir.

"Volonté et la capacité de faire et d’agir"

«  Le monde HLM est prêt à agir mais il manque un accompagnement financier adéquat ». Dominique Estrosi-Sassone, sénatrice (Les Républicains) des Alpes-Maritimes, sait pertinemment de quoi il retourne. Très au fait des problématiques entourant le logement en France, et plus particulièrement dans les Alpes-Maritimes, elle a récemment présidé une commission d’enquête sur l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique. Elle a également été présidente de Côte d’Azur Habitat de 2008 à 2017 et est aujourd’hui Secrétaire générale de la Fédération des offices publics de l’habitat. Dominique Estrosi-Sassone était invitée à s’exprimer au cours d’une table ronde organisée pour le centenaire de l’office azuréen, le vendredi 8 septembre au Centre universitaire méditerranéen de Nice, sur la stratégie bas carbone des organismes de logement social.
«  Aujourd’hui le monde HLM a la volonté et la capacité de faire et d’agir. Il a la capacité technique dans le domaine de la rénovation énergétique des logements et bien sûr dans le domaine de la construction », a exposé la sénatrice des Alpes-Maritimes. «  Le monde HLM est plus que prêt mais il manque un accompagnement financier adéquat, c’est une évidence. L’USH (Union sociale pour l’habitat) a 9 milliards d’euros pour rénover 150 000 logements par an dans notre pays. Il faut qu’il y ait des moyens financiers qui soient dégagés par l’État, sinon on ne tiendra pas les objectifs, que ce soit à l’horizon 2030 (réduction de 50 % des émissions carbone) ou à l’horizon 2050 (neutralité carbone) car, aujourd’hui, ce besoin de financement est le double de la situation actuelle. On ne peut pas continuer comme ça car les bailleurs sociaux, les opérateurs n’ont plus de fonds propres », a assuré Mme Estrosi-Sassone.

« Multiplier par trois »

Nice Nord ©Côte d’Azur Habitat

« Actuellement nous dépensons un milliard d’euros pour la rénovation énergétique », a confié Marcel Rogemont, président de la Fédération nationale des offices publics de l’habitat. « Pour être au rendez-vous, il faut multiplier par trois nos investissements. Ce sont des sommes considérables  ». Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du logement et de l’Habitat durable, aujourd’hui présidente de l’USH, ne dit pas autre chose : « Il faut plus d’investissements pour permettre la transition écologique et énergétique  ». « Quand la loi climat et résilience a été adoptée, on nous a dit ‘voilà le calendrier pour éradiquer les passoires énergétiques’ (NDLR : avoir au moins la classe F du DPE à partir du 1er janvier 2025, la classe E à partir du 1er janvier 2028 et la classe D à partir du 1er janvier 2034), j’ai toujours dit qu’on était d’accord pour respecter le calendrier, a-t-elle indiqué. La question, c’est le comment et on ne peut pas raconter d’histoires : on ne fera pas la transition avec le même argent ».
Emmanuelle Cosse demande notamment des moyens supplémentaires pour soutenir la seconde vie des bâtiments, « par des prêts, des exonérations fiscales et des subventions  ». Avec ce dispositif, « on garde les structures des immeubles, c’est-à-dire qu’on les désosse et on refait tout : les planchers, les hauteurs, les dispositions des logements mais on ne démolit pas tout. Ce qui fait qu’on a moins de déchets de chantier et moins d’émissions carbone ». Jean-Luc Gorce, directeur général d’Aquitanis, l’office public de l’habitat de Bordeaux Métropole, a estimé qu’on avait «  trop démoli sans penser régénération » . Il s’est dit favorable à cet acte de « recharger  » les bâtiments pour les prochaines décennies avec des matériaux adaptés. « Pensons régénération avant démolition ».

Autre enjeu de taille pour le logement social : la sécurité

La seconde table ronde organisée par Côte d’Azur Habitat était consacrée à la sécurité et à la tranquillité. Celles des locataires bien sûr mais aussi celles des agents des offices sur le terrain. « La problématique de la sécurité n’est pas nouvelle », a estimé le président de l’Association régionale HLM PACA-Corse, Éric Pinatel, « mais il y a une amplification de ce phénomène qui amène tous les bailleurs sociaux à amplifier leurs dispositifs. Elle est devenue l’une de nos préoccupations principales ». Jérôme Taconnet, directeur général de Côte d’Azur Habitat, a rappelé que le président de l’office, Anthony Borré, était adjoint au maire de Nice chargé notamment de la sécurité et du logement, ce qui dénote une évolution importante. Il a également rappelé toutes les initiatives menées ces dernières années afin d’assurer la sécurité résidentielle et de « garantir la meilleure qualité de vie à nos locataires » : en 2021, les Conseils des droits et des devoirs mis en place par Anthony Borré, ainsi que la convention de partenariat avec la Ville, la préfecture et le parquet de Nice ; en 2022, les bataillons de la prévention ; et en 2023, une attention particulière portée au quartier des Moulins à Nice, pour lequel «  le contexte est assez difficile ».

Visuel de Une : Table ronde à l’occasion des 100 ans de Côte d’Azur Habitat ©S.G

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