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À Brignoles, le Monastère Saint-Benoît, un ensemble monumental exceptionnel
- Par Laurette PARAY --
- le 25 février 2025
Avec son église datant du 10ème siècle et dédiée à Saint-Christophe, le patron des voyageurs, le Monastère Saint-Benoît est un bâtiment historique et vivant.
La propriété s’étend sur 33 hectares en grande partie boisée, avec un potager et un élevage de volailles. Le monastère est un monument historique redevenu un monument vivant depuis l’arrivée, en 2020, des moines Bénédictins. De nombreux visiteurs sont accueillis pour découvrir une partie des bâtiments et des terres, et également pour partager un peu de la vie du monastère notamment par le culte catholique célébré dans les formes liturgiques anciennes (en grégorien). Connu aujourd’hui sous le nom de Saint-Christophe, le site sur lequel se situe le monastère trouve ses origines à l’époque romaine.
Rencontre avec le Père Prieur Dom Alcuin et Frère Gérald.
« La propriété se trouve plus ou moins sur l’ancienne voie romaine qui faisait le tour pour aller jusqu’à Rome, Marseille, Nice et Aix. Elle permettait de se rendre dans les autres contrées, surtout en hiver », explique Frère Gérald.
Il ajoute : « Les moines Bénédictins sont la première présence monastique religieuse confirmée. Cette mention apparaît dans un cartulaire de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille faisant état d’un don en 1025 de toute la propriété avec l’église. Vers le milieu du 12ème siècle, les moines sont remplacés par les Templiers qui sont des moines soldats pouvant ainsi assurer la sécurité des bâtiments de ferme et de l’église. Après la suppression des Templiers au début du 14ème siècle, ce sont les Chevaliers de Malte qui héritèrent de la propriété. D’autres bâtiments furent construits notamment une chapelle latérale à l’arrière de l’église, un réfectoire et une cave voûtée dotée d’une cuve à vin. D’après les registres de visite de l’époque et l’étude des bâtiments existants, le site servait principalement de grange agricole à l’époque médiévale ».
ACTIVITÉ AGRICOLE
Frère Gérald reprend : « Le site fut vendu et comme le mentionne le cadastre dit Napoléonien de 1838, l’église fut transformée en logements et les autres bâtiments étaient utilisés pour le bétail. La propriété a longtemps été exploitée à des fins agricoles. C’est dans les années 1980 qu’un nouveau propriétaire passionné d’histoire décide de restaurer le lieu et de l’agrandir. En 2020, une communauté internationale bénédictine s’installe. Elle ouvre l’église au culte pour la première fois depuis la révolution, le jour de la fête de l’Assomption. La communauté des moines elle-même est propriétaire et responsable de l’aménagement et de la restauration du bien ».
Il ajoute : « Le bâtiment est un site historique vivant, qui peut être visité avec les explications de son histoire. Si vous venez assister à la messe ou aux offices qui rythment la journée, vous entendrez presque les mêmes chants qu’au 10ème siècle. Ce lien avec le passé est tangible tant dans les bâtiments que dans la vie menée au sein du monastère. Nous avons la grâce d’avoir un bâtiment harmonieux avec les arcs et les absides romanes qui donnent du sens. Nous sommes très heureux d’accueillir les gens de passage et de partager un peu de notre vie dans nos offices publics afin d’apporter quelque chose pour eux. Nous ne sommes pas une paroisse, nous sommes un monastère. C’est une vie faite de prières, de travail intellectuel et manuel ».