Albert Calmette : le (...)

Albert Calmette : le niçois qui inventa le BCG

Responsable de milliers de morts chaque année en France, la tuberculose a été enrayée par la mise au point du vaccin que l’on doit à ce grand médecin et bactériologiste

A Nice, un lycée porte son nom et une plaque est apposée rue de la Préfecture sur sa maison natale. Mais qui se souvient vraiment
d’Albert Calmette, "médecin de la marine et des colonies", qui fut sous-directeur de l’Institut Pasteur et surtout l’un des "inventeurs" du BCG ?

Alors que la promesse d’un vaccin contre la Covid-19 se fait jour, l’histoire de ce savant niçois mérite d’être rappelée car elle résonne à bien des égards avec notre actualité contemporaine.

À la fin du XIXème siècle et au début du XXème, la tuberculose faisait encore des ravages : promiscuité respiratoire au sein des familles nombreuses, mauvais état de santé (carences alimentaires, diabète, âge), pauvreté. Une personne sur quatre était atteinte. La "peste blanche"
représentait alors jusqu’à un tiers des décès en Europe et aux états-Unis.

Un long travail

Albert Calmette (DR)

Dans ce contexte sanitaire angoissant, Calmette a mis au point les premiers antivenins contre les morsures de serpent en utilisant des sérums de chevaux vaccinés et immunisés. Il a aussi participé à l’élaboration du premier sérum immunisateur contre la peste bubonique.
Il sera chargé de la production du vaccin antirabique découvert par Louis Pasteur en 1885, entre autres travaux effectués de par le monde par ce Niçois grand voyageur (Hong Kong, Saint Pierre-et-Miquelon, Gabon etc.)
Mais ce qui apportera une notoriété mondiale à ce médecin et bactériologiste, c’est la mise au point avec le vétérinaire et immunologiste Camille Guérin du vaccin contre la tuberculose. Un long travail de plus de dix ans, abouti en 1928, après que le microbiologiste allemand
Robert Koch eut découvert en 1882 l’agent pathogène de cette maladie, le Mycobacterium tuberculosis passé à la postérité sous l’appellation de "bacille de Koch".
Guérin avait établi que "l’immunité contre la tuberculose était liée à des bacilles vivant dans le sang. En utilisant la méthode pastorienne, Calmette voulut savoir si elle se développerait comme réponse à l’injection, chez les animaux, de bacilles bovins atténués. Cette préparation reçut le nom de ses deux découvreurs (Bacillum Calmette-Guérin, ou en abrégé BCG : Vaccin bilié de Calmette et Guérin)".
Calmette et Guérin s’employèrent à produire des souches de bacilles de moins en moins virulentes grâce à des transferts dans des cultures successives. Et en 1921, ils utilisèrent pour la première fois leur BCG - avec succès - sur des nouveau-nés à l’hôpital de la Charité de Paris.

Campagne anti-vaccin

À l’époque, on ne parlait pas encore de "complotisme". La population a vécu comme un immense progrès et sans arrière-pensées l’arrivée de ce vaccin qui, comme quarante années auparavant celui de la rage, allait sauver des millions de vies. Mais en 1930, 72 enfants vaccinés contractèrent cependant la tuberculose en Allemagne. Catastrophe, suspicion ! L’enquête démontra que l’Institut Pasteur avait fourni des souches saines et que les médecins ’inoculeurs" s’étaient rendus coupables de négligences (ils furent condamnés à de la prison ferme). Les réseaux sociaux qui n’existaient pas ne purent s’emparer de l’affaire pour mener une virulente campagne anti vaccinale... Par les progrès indéniables qu’il apportait, le BCG a ensuite été rendu obligatoire, avant de devenir aujourd’hui seulement "recommandé" puisque grâce à sa couverture la tuberculose a énormément régressé sans toutefois disparaître, même en France où l’on constate de plus en plus de cas.

Photo de Une : Une affiche d’époque invitant la population à "prévenir" plutôt qu’à "guérir". DR

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