État des eaux en PACA (...)

État des eaux en PACA : 68 % des rivières en bon état

L’agence de l’eau publie son rapport sur l’état des eaux qui s’appuie sur 4,5 millions d’analyses annuelles réalisées dans les rivières, nappes d’eau souterraine et lacs des bassins Rhône-Méditerranée et Corse pour évaluer l’état des eaux, les échelles de valeur allant de « très bon » à « mauvais ». Les résultats montrent une baisse très nette de la pollution domestique et une tendance à l’amélioration des concentrations en micropolluants (pesticides, métaux) en rivière même si de nouvelles molécules non mesurées jusqu’ici font leur apparition dans le faisceau de la surveillance.

La pollution régresse en Provence-Alpes-Côte d’Azur

La qualité des cours d’eau s’améliore. La pollution domestique a fortement régressé depuis 25 ans grâce à l’installation de stations d’épuration performantes. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, plus de 68% des rivières sont en bon ou très bon état (16 points de plus que la moyenne du bassin Rhône-Méditerranée). Les secteurs urbanisés, historiquement industrialisés ou concernés par l’agriculture intensive, (cours d’eau côtiers varois et de la côte d’Azur, affluents de l’étang de Berre et plaine du Vaucluse) sont les plus touchés par les pollutions et les prélèvements d’eau.

La pollution par les substances toxiques (pesticides ou autres micropolluants) diminue également progressivement dans les rivières grâce à des politiques en faveur d’une agriculture plus durable et aux investissements effectués par les industriels pour mieux traiter leurs eaux usées.
> La toxicité des pesticides dans les rivières a chuté de moitié ces 10 dernières années, une baisse principalement due à l’évolution de la règlementation qui retire progressivement du marché les substances les plus toxiques. Malgré tout, les pesticides restent les substances toxiques les plus présentes dans les eaux, le glyphosate et son métabolite l’AMPA en tête.
Le glyphosate détient le record de ventes en France avec 4 600 tonnes vendues de 2014 à 2016.

> La toxicité des polluants organiques contenus dans les produits d’entretien ou les peintures utilisées par les ménages, les industries ou les artisans baisse également. La mise en place de normes de rejets accompagnée par des actions collectives mobilisant les entreprises situées sur les secteurs à enjeux expliquent ces améliorations.
> Quant aux métaux (chrome, nickel, zinc…), les niveaux de contamination ont été divisés par 6 depuis 10 ans. Ces métaux sont principalement utilisés dans l’industrie du traitement de surface, qui a progressivement développé des traitements et des process moins polluants.

> Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) formés lors de la combustion du bois, du fuel ou du charbon, constituent les polluants les plus toxiques des rivières en raison des retombées atmosphériques. Le chauffage résidentiel apporte 66% des émissions contre 25% pour le transport routier. Même si les concentrations ont été divisées par 4 en 10 ans, elles restent encore 15 fois supérieures aux normes et valeurs guides environnementales.

Au total, plus de 400 substances sont présentes dans les eaux des bassins Rhône-Méditerranée et Corse sans que toutes puissent être comparées à des normes de qualité environnementales. La comparaison ne concerne en effet qu’environ 200 substances pour lesquelles des normes existent. Il reste donc difficile de connaître exactement les niveaux de toxicité dans le milieu. En outre, l’effet cocktail n’est pas encore bien connu.
L’amélioration de la qualité physicochimique a eu un effet bénéfique direct sur la faune et la flore des cours d’eau tels que les diatomées benthiques (algues) ou les invertébrés, indicateurs de la bonne santé de l’eau.
Cependant, l’amélioration de la qualité biologique révélée par la présence d’invertébrés est moins spectaculaire que celle des concentrations en polluants car ces petits animaux sont également tributaires de la qualité des habitats donc du bon fonctionnement de la rivière.

L’artificialisation, les barrages et les prélèvements d’eau perturbent le fonctionnement de la rivière

> Les rivières rectifiées représentent encore 40 % des rivières et se situent principalement dans les grandes zones agricoles, autour des grands axes de communication (vallée de la Durance) et sur le pourtour méditerranéen. Renaturer les cours d’eau est essentiel pour lutter contre les crues, aider la rivière à s’auto-épurer et favoriser le retour de la biodiversité. Depuis 2013, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, environ 65 km de cours d’eau ont été restaurés avec l’aide de l’agence de l’eau.
Par exemple, sur l’Huveaune à Auriol (13), le syndicat intercommunal du bassin versant de l’Huveaune prévoit cette année de créer un parc de la Confluence pour renaturer la rivière. Il s’agira de restaurer la ripisylve, d’enlever des remblais qui réduisent le lit du cours d’eau, de restaurer une zone d’expansion de crue et de connecter le secteur au centre-ville d’Auriol par un cheminement doux.

> Le cloisonnement des rivières par des seuils et des barrages touche également près de la moitié des rivières notamment dans les massifs alpins et sur les grands cours d’eau aménagés tels que la Durance. Les poissons circulent mal et les sédiments, bloqués derrière ces obstacles, arrivent difficilement jusqu’à la Méditerranée ce qui contribue au recul de la côte.
Depuis 2013, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, près de 80 ouvrages identifiés comme problématiques, ont été rendus franchissables avec l’aide de l’agence de l’eau, conformément à la directive cadre sur l’eau.

> Près de 40% des rivières sont perturbés par des prélèvements trop importants et cette situation va s’aggraver avec le changement climatique. Face à ce constat, la préservation des zones humides, véritables réservoirs d’eau, et la chasse au gaspillage de l’eau sont deux solutions efficaces pour s’adapter au manque d’eau. En PACA, 24 millions de m3 d’eau manquent l’été pour satisfaire tous les usages et laisser un débit suffisant dans les rivières pour la vie biologique.
Depuis 2013, l’agence de l’eau a financé l’achat ou la restauration de plus de 5 600 hectares de zones humides en Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que 59 millions de m3 d’économies d’eau, soit la consommation annuelle en eau potable d’une ville de 800 000 habitants.
Par exemple, en ville, la métropole Aix Marseille Provence a supprimé plus de 6 000 boites de lavage de la chaussée et elle a équipé de télérelève plus de 3000 boites restantes de façon à détecter des surconsommations. Ces opérations permettent d’économiser environ 1 million de m3 prélevés dans la Durance et de lutter contre les risques de pollutions des plages en réduisant le risque de débordement des réseaux d’assainissement.
La ville de Marseille, quant à elle, alimente désormais en eau la Fontaine de Palais Longchamp en circuit fermé afin d’économiser annuellement 3,5 millions de m3 d’eau de la Durance.
Côté agricole, la modernisation du réseau d’irrigation de l’association des irrigants de Volonne (Alpes de Haute Provence) va permettre d’économiser 2,1 millions de m3 en passant de l’irrigation gravitaire à l’irrigation sous pression et de substituer totalement le prélèvement dans le Vançon vers la Durance, moins vulnérable.

Les eaux souterraines globalement en bon état

Environ 87% des nappes souterraines sont en bon état chimique. Cependant la pollution par les nitrates ne régresse pas et une hausse de ce polluant d’origine agricole est même détectée par exemple dans les nappes du plateau de Valensole (Alpes de Haute Provence).
Quant aux pesticides, certains produits interdits comme les triazines (herbicides) sont encore régulièrement retrouvés dans les eaux du fait de leur rémanence, à des concentrations supérieures aux normes exigées pour l’alimentation en eau potable. Leur concentration diminue mais il faudra attendre de nombreuses années avant de les voir totalement disparaître. En outre, les mesures effectuées depuis 2017 sur les métabolites du métolachlore (substance de remplacement des triazines) semblent montrer des niveaux de contamination importants.

Une surveillance plus que décuplée

4,5 millions d’analyses sont effectuées chaque année dans les bassins Rhône-Méditerranée et Corse pour évaluer l’état des rivières, nappes et lacs. La surveillance évolue et se perfectionne régulièrement y compris pour détecter les nouvelles molécules présentes en très faible quantité dans les eaux. L’analyse de ces nouveaux résultats, couplée à une meilleure connaissance de l’impact des pollutions sur le milieu naturel et l’homme, permettra de mieux orienter les mesures à mettre en œuvre pour atteindre efficacement le bon état des eaux.

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