Mercantour : sous les

Mercantour : sous les étoiles exactement

Le parc du Mercantour et soixante-quinze communes du Haut pays sont candidats pour devenir une réserve de ciel étoilé. Une action symbolique pour endiguer la pollution lumineuse

Huit habitants sur dix de la planète n’ont déjà plus accès aux étoiles et notre littoral sur-éclairé jette... une ombre inquiétante sur nos ciels montagnards. Ce constat, les scientifiques comme le grand public qui s’émerveille chaque été sur le plateau de Calern à Caussols du passage des Perséides, tout le monde l’a déjà fait : de larges pans de la voûte céleste sont effacés vers le sud, même la Voie lactée.
L’anniversaire des 45 ans de l’Observatoire de Caussols constituera, peut-être, le début d’une prise de conscience collective. On pourrait espérer qu’elle se traduise par une réduction des éclairages publics des communes côtières et de Monaco.

Sauvegarder la biodiversité

Le département des Alpes-Maritimes et le Parc des Préalpes d’Azur viennent de déposer leur candidature au label "Réserve Internationale de Ciel Etoilé", comme l’ont fait avant eux le Pic de Midi de Bigorre et le Parc National des Cévennes, déjà labellisés. Éric Mele, maire de Gourdon et président du Parc régional des Préalpes d’Azur, explique avoir pris conscience que la protection de nos étoiles va dans sens de la biodiversité : "il n’y a pas que les pesticides qui sont responsables de la disparition des insectes mais aussi l’excès des éclairages publics".
Sans aller jusqu’à l’obscurité totale, il est possible à peu de frais et avec quelques subventions de baisser l’intensité des éclairages publics, de les orienter vers le sol, de changer leur couleur.
Il existe encore heureusement dans ce département des îlots ayant une qualité de ciel exceptionnelle. Comme la réserve naturelle régionale des Gorges de Daluis, la vallée de l’Estéron, le cœur du Mercantour. Où vivent des espèces emblématiques que l’on ne voit plus ou peu ailleurs, comme les chauves-souris, les chouettes de Tengmaln, le Bombyx du Mercantour, le superbe papillon Isabelle de France. Des expériences probantes

Comme Jean-Paul Henri, maire de Valderoure, qui avait pris l’initiative de couper tous les lampadaires de sa commune "sans que personne n’y ait trouvé à redire, sauf une estivante", comme Florent Dubreuil et Pascal Colletta qui avaient réussi le pari de faire éteindre tous les villages de la vallée pour pouvoir photographier leurs ciels nocturnes afin d’illustrer leur livre de contes "Sous les Étoiles de la Tinée", une prise de conscience est en train de naître.
Avec le parc du Mercantour et celui des Préalpes d’Azur, le département fédère 75 communes qui font de réels efforts pour réduire leur éclairage public. À l’image de Péone, où Charles-Ange Ginésy a réduit de 50% l’intensité en éteignant les candélabres après certaines heures, en remplaçant les lampes au sodium par des LED et en réalisant au passage une économie de 30% sur la facture d’électricité.
Pour le classement attendu et espéré en réserve de ciel étoilé, réponse de l’organisme international dans un mois.

Les astrophysiciens travaillent sur le plateau de Caussols qui ressemble à un paysage de science fiction. (DR)

Photo de Une : La magie d’un ciel étoilé que huit terriens sur dix ne peuvent déjà plus voir. (DR)

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